top of page
  • Photo du rédacteurfallen Raziel

4. UNE RELATION HIERARCHISEE ET EQUILIBREE : Deux personnalités complémentaires

Erwin et Livaï fonctionnent en binôme, à tel point qu'on les voit rarement l'un sans l'autre si rien ne les en empêche. Avant d'attaquer les détails du manga, il faut aborder un élément important de la structure du bataillon d'exploration : les hiérarchies officielle et officieuse.

Dans Outside (p. 46), on nous donne un aperçu de la structure hiérarchique du bataillon. On y retrouve les grades et statuts familiers que nous connaissons via le manga : des chefs d'escouade, des chefs d'équipe, de simples soldats, tous sous le commandement d'un major (danchou, en japonais, commander en anglais). Et ce qu'on l'on finit par remarquer sans y penser au départ, c'est que... le grade de Livaï n'est pas mentionné ! Nous savons tous qu'il est le chef de l'escouade d'opération tactique (autrement dit l'élite du bataillon), mais quand tous les autres (Mike et Hanji) sont appelés "chefs d'escouade", Livaï, lui, a droit au titre de caporal-chef (heichou, en japonais, captain ou corporal en anglais). Ce qui semble ne rien désigner dans l'organigramme du bataillon car il n'est pas censé y voir de grade entre chef d'escouade et major.


Ce détail qui paraît insignifiant a en fait tout à voir avec le EruRi. Quand Livaï rencontre Erwin, celui-ci est chef d'escouade, et Shadis le 12ème major. Quand la première escouade de Livai décède (celle de Faragon), il paraît évident qu'au vu de ses capacités hors normes, il a dû rejoindre l'escouade d'Erwin, considérée comme la plus performante (c'est ce que disent les habitants de Shiganshina dans le flash-back de Shadis). Quand Erwin monte à son tour en grade, on peut aussi parfaitement déduire qu'il en a été de même pour les hommes de son escouade : Mike est devenu à son tour chef et Livaï également. On en conclue donc que c'est Erwin qui a donné à Livaï ce grade de caporal-chef, inexistant jusqu'alors, et qui semble n'avoir qu'une fonction honorifique. On peut se demander pourquoi.


Première possibilité : pour bien signifier qu'il est un soldat si exceptionnel que son pareil n'a jamais été vu jusqu'alors. Ce titre serait alors un genre de distinction honorifique comparable à Humanity's Strongest. Par son grade, Livaï semble à la fois intégré mais également en dehors du bataillon, comme si ce qu'il était dépassait tellement l'entendement qu'on ne peut pas réellement le classer comme les autres. Mais il existe une autre possibilité, bien plus probable, qui a trait à la hiérarchie officieuse du bataillon.


Quand Erwin annonce à Livaï que c'est à Hanji de prendre le relais s'il vient à mourir, on peut se montrer surpris. Car jusqu'à présent, la présence quasi permanente de Livaï à ses côtés pouvait laisser penser qu'il était son subordonné direct. Mais ce n'est pas le cas, du moins dans la hiérarchie officielle. Le droit d'ancienneté semble être de mise. Dans Birth of Livaï, on se rend compte qu'Hanji est déjà membre du bataillon avant que Livaï ne l'intègre. Elle est donc plus ancienne, indépendamment de son âge et de ses capacités, c'est donc officiellement à elle que le grade revient après Erwin. Si Mike avait vécu, peut-être serait-il passé avant Hanji, mais dans la situation actuelle, c'était donc elle son successeur.


Cependant, la hiérarchie officieuse dit autre chose. C'est Livaï qui est le confident et le bras-droit d'Erwin (cela est même connu des pontes de la capitale) ; quand les gradés du bataillon sont demandés à Mithras pour rendre des comptes, c'est Livaï qui accompagne Erwin à travers Stohess dans le même carrosse, pas Hanji ni Mike. Dans les interviews des personnages, le journaliste considèrent Erwin et Livaï comme "les deux personnes les plus importantes du bataillon", ceux qui donnent de l'espoir au peuple. Comment expliquer que tout le monde considèrent Livaï comme le subordonné direct d'Erwin si la hiérarchie officielle dit le contraire ?


Le grade unique de Livaï n'y est pas pour rien. Par ce titre qui lui appartient, Livaï indique ainsi sa proximité avec Erwin. Son grade se place entre celui du major et celui des chefs d'escouade. Cela signifie qu'il n'est pas pour Erwin qu'un chef d'escouade, mais un genre de trait d'union entre lui et les soldats. De plus, le titre Heichou finit presque par faire partie du patronyme de Livaï (qui n'a pas de nom de famille connu), si bien que tout le monde l'appelle Caporal-Chef Livaï (Levi Heichou en japonais). Comme si Erwin avait voulu donner à Livaï une identité plus claire et précise. Heichou et Danchou sont inséparables dans l'esprit des autres.


Si, dans la hiérarchie officielle, c'est Hanji qui est devenue le subordonné direct d'Erwin, tous ceux qui connaissent la hiérarchie officieuse du bataillon savent que c'est bien Livaï qui a davantage l'oreille et la confiance d'Erwin Smith. Mike avait peut-être cette place privilégiée avant l'intégration de Livaï (on voit qu'Erwin et lui sont très proches, peut-être amis d'enfance), mais que par la suite, même Mike vivant, Livaï prendra bel et bien cette place. Si Shadis a eu l'air d'un major assez seul, Erwin préfère s'entourer. Cependant, Erwin a dû tenir auprès de Shadis le même rôle que Livaï tient par la suite auprès de lui. Le Ackerbond en moins.

Maintenant que ces détails ont été abordés, penchons-nous sur leurs interactions hiérarchiques dans le manga.


Livaï obéit toujours aux ordres d'Erwin ; et seulement aux siens, selon les propres dires de Livaï. Cependant, il n'est pas servile. Il lui arrive de questionner les ordres d'Erwin avant de les exécuter. Car Livaï n'est pas stupide et veut savoir pourquoi il fait les choses, surtout si le but n'est pas évident. Ainsi, quand Erwin ordonne leur repli vers Trost, il a besoin d'expliquer à Livaï qu'il y a eu une attaque avant que celui-ci ne s'exécute. Erwin n'insulte pas l'intelligence de Livaï en lui donnant des ordres sans queue ni tête.

Quand Eren s'étonne que Livaï soit si obéissant - il le pensait plus rebelle -, il n'a pas toutes les données de l'équation. Livaï n'obéit pas à tout le monde mais seulement à Erwin. Ainsi si Erwin décide de se plier aux ordres de Zackley, Livaï le fera aussi, de façon tout à fait logique. Mais si Zackley se permettait de lui donner un ordre direct, pas sûr que Livaï l'exécuterait. Il ne reconnaît que l'autorité d'Erwin.

De même, si Erwin n'avait pas ordonné à Livaï de prendre Eren en charge (interview de Hiroshi Kamiya), il ne l'aurait jamais fait de lui-même (et oui, dans les faits, le ereri doit tout au EruRi !). Si Erwin n'avait pas considéré que l'existence d'Eren était un élément indispensable à la victoire de l'humanité - et aussi pour atteindre son objectif personnel -, Eren aurait été remis aux brigades spéciales et fin de l'histoire. Et ça aurait pas empêché Livaï de dormir. Son revirement, alors qu'il semblait réticent à exécuter cet ordre, est du même type que son besoin d'explication des ordres d'Erwin : Livaï avait besoin de se confronter au problème - à savoir Eren - pour prendre une décision en toute connaissance de cause. Il a sans doute jugé que la force de volonté d'Eren serait un gros problème s'il devait se transformer en titan et s'en prendre à l'humanité, et Livaï étant ce qu'il est - complexe du héros, et tout à fait conscient qu'il est le seul à pouvoir l'arrêter si ça tourne mal -, il a donc pris cette responsabilité. Mais il l'aurait sans doute fait malgré tout, Eren étant la clef du plan d'Erwin, que Livaï fait toujours tout pour réaliser.


Lors de la capture du titan féminin, Livaï est l'un de ceux qui ont été mis au courant du plan. Il n'en parle pas à ses soldats parce qu'il sait pourquoi Erwin ne le veut pas. Il suit jusqu'au bout le plan du major, tout en laissant à Eren une marge de manoeuvre qui n'empiète pas sur le plan initial - si Eren s'était transformé et avait battu le titan féminin, elle aurait tout aussi bien pu être capturée. Quand Erwin soupçonne que l'hôte du titan féminin s'est échappé, il ordonne à Livaï de se ravitailler. Encore une fois, Livaï discute l'ordre car il n'en voit pas l'intérêt. Mais Erwin le voit, lui, et Livaï sait qu'Erwin voit les choses bien mieux que lui. C'est pourquoi il s'exécute, même sans explication de sa part. Leur partenariat s'adapte aux cas d'urgence. Quand Livaï sent le regard d'Erwin (revoir l'article sur la communication par le regard), il ne pose plus de question. Ce qui lui a permis de survivre à cette confrontation. Si Livaï avait rejoint son escouade sans s'être ravitaillé, il se serait retrouvé sans défense face au titan féminin et serait mort, tout comme eux.

Après la débâcle, les gradés sont convoqués à la capitale pour s'expliquer. C'est Livaï qui part avec Erwin, sans que cela ne soulève de débat, signe que c'est en fait tout à fait normal que ce soit lui qui l'accompagne. Pour faire une petite digression sur la "Boyfriend Jacket" - il me paraît évident que cette veste est celle d'Erwin -, Livaï cache très probablement un pistolet à l'intérieur. En effet, une veste à sa taille ne lui aurait pas permis de cacher cette arme efficacement. S'il est ainsi armé c'est parce qu'il est en civil et Livaï étant Livaï, se promener sans arme est impensable. De plus, il est très probable que lorsque Nile arrête le convoi et menace Erwin avec son fusil, Livaï soit lui-même en train de le tenir en joue avec son arme. Sa position - légèrement en retrait et tirant sur le pan de sa veste comme pour dissimuler quelque chose - lui permet de faire feu sur Nile, comme il l'aurait fait sur le révérend Nick. Ce n'est qu'une supposition de ma part, mais elle est très plausible, puisque Livaï se promène avec ce pistolet par la suite. En clair, il aurait tiré sur Nile si celui-ci avait tiré sur Erwin - ou aurait tiré avant pour l'en empêcher, ses réflexes étant fulgurants. Erwin est son supérieur et sa vie est placée au-dessus de celles de tous les autres pour lui.

Je passerai sur le fait que Livaï se précipite pour séparer Eren et Annie, car non seulement cela va à l'encontre de sa mise à pied, ordonnée par Erwin, et Livaï n'aurait jamais fait ça, mais en plus cette action n'existe pas dans le manga. Si elle n'était pas nécessaire dans le manga, elle ne l'est pas plus dans l'anime, et Livaï n'aurait jamais désobéi à Erwin pour quelque chose de futile. J'y vois plus ici une volonté des animateurs de garder les fans de Livaï - qui devaient sans doute juger qu'on ne l'avait pas assez vu- devant leur écran.


Pendant la convalescence d'Erwin, Livaï s'occupe de régler les corvées administratives afin que le major puisse se sentir tranquille à son réveil et récupérer à son rythme (interview de Livaï). Preuve là encore que même si la hiérarchie officielle le place derrière Hanji, l'officieuse est plus importante.


Quand Erwin se réveille et apprend que les titans sont en fait des humains, Livaï est choqué. Et il l'est aussi du sourire d'Erwin, car il pense que celui-ci a l'exact sens inverse de son expression. Livaï doit s'imaginer qu'Erwin se réjouit que les humains soient des titans, ce qui n'est pas le cas, il se réjouit que son père ait eu raison (ce qui n'est pas la même chose). Ce qu'il faut bien comprendre ici, c'est que Livaï ne remet jamais en cause les actes qu'il a commis sous les ordres d'Erwin. Quel que soit le but réel - sauver l'humanité ou permettre à Erwin d'atteindre son but, ce qui, rappelons-le, est la même chose -, Livaï sait que ce qu'il a fait devait être fait. Erwin n'est pas responsable de cette vérité sur les titans. Livaï lui reproche juste de ne pas avoir partagé cette théorie avec eux. Quoi qu'il en soit, il est très douteux d'imaginer que cette connaissance ait dissuadé Livaï de se battre. Livaï ne se dit pas qu'il s'est battu à tort, que les titans tués ne devaient pas l'être ; il regrette juste qu'Erwin n'est pas été tout à fait franc avec lui - ce qui n'est pas un manque de confiance mais une façon de les protéger et de conserver leur estime (Erwin n'a pas une si grande estime de lui-même).

Malgré cette nouvelle prise de conscience, Livaï continue de suivre Erwin et d'obéir à ses ordres. Même si sa confiance n'est plus tout à fait intacte, elle reste suffisante pour l'amener à réaliser le coup d'état, ce qui en dit long malgré tout. Livaï comprend que le but d'Erwin, même plus personnel, est au bénéfice de tous, donc il ne change pas de ligne de conduite.


La dynamique Ackerbond inclue nécessairement une relation d'ordre hiérarchique du haut vers le bas (de même que pour Kenny et Uli). Ainsi, c'est Livaï qui obéit à Erwin et pas l'inverse. Dans cette optique, il n'y a donc pas lieu de s'étonner qu'Erwin boude le conseil de Livaï : en tant que major, il est parfaitement autorisé à l'ignorer - même si comme vous le savez, toute cette conversation a plusieurs niveaux de lecture. Livaï s'est de lui-même placé dans cette dynamique en acceptant de suivre Erwin, qu'il reconnaît comme supérieur à lui (Answers, p. 169). Il serait donc facile de parler de domination, ou de servitude volontaire. Mais comme je l'ai dit, Livaï a eu le choix. Et Erwin, de son côté, ne traite pas Livaï comme un esclave. S'il lui donne beaucoup d'ordres - ce qui est normal, Livaï est sa meilleure "arme" -, il a avec lui une relation d'égal à égal (insinuée par Isayama et tout à fait visible dans le manga). Concernant la garde d'Eren, on peut imaginer qu'Erwin a d'abord demandé sons avis à Livaï au lieu de le lui imposer. Autrement, Livaï n'aurait pas finalement pris sa décision dans le cachot mais aurait accepté sans discuter. De même pour la garde du sérum, Erwin demande à Livaï s'il veut s'en charger, il ne le lui ordonne pas, ce dont Livaï s'étonne. Car comme pour la garde d'Eren, c'est une décision qui peut avoir des répercussions réellement importantes sur tout le bataillon. Donc, si Erwin commande la plupart du temps, il lui arrive aussi de demander.


Livaï reconnaît la supériorité intellectuelle d'Erwin sur la sienne et dit sans aucun problème qu'il préfère lui laisser tout ce qui a trait à la stratégie. Lui, son boulot, c'est le combat. On a affaire ici à un duo archétypal, jusque dans leur apparence physique ! Les duos dans la fiction ne manquent pas, et sont toujours complémentaires, même quand ils sont antagonistes. Le plus grand est jugé comme le plus bête et celui qui donne les coups ; le plus petit comme le plus intelligent et rusé. Ces duos forment à eux seuls un personnage à part entière le plus souvent, au point que même leurs noms sont en général accolés. Concernant le duo Erwin/Livaï, les stéréotypes sur la force/intelligence sont bien présents, mais sont inversés en fonction des apparences : ici, c'est le plus petit qui est le plus fort et le plus grand qui est le plus intelligent. Cela ne signifie pas qu'Erwin est faible et Livaï stupide, mais ces caractéristiques ressortent bien malgré tout. Cette inversion des stéréotypes attendus ne donne que plus de saveur et d'originalité à leur duo, ce qui les empêche de tomber dans le cliché.


Après avoir résumé leurs différences, je vais parler de leur plus grand point commun : le sens du sacrifice. Erwin et Livaï sont tous deux conscients que le monde est un enfer, que si l'on veut changer les choses, il est nécessaire que des vies soient sacrifiées. Les deux hommes ont sacrifié beaucoup de choses au bataillon, Erwin sans doute davantage que Livaï.

Livaï a déjà exprimé le fait qu'Erwin soit capable de faire des sacrifices, en vue d'un but noble, fasse sa fierté de le suivre. Livaï regrette les sacrifices inutiles, mais s'ils sont effectués en vue d'un grand dessein, il en comprend le sens et la nécessité. Livaï déteste les morts inutiles - qu'il s'agisse des autres ou de lui-même - mais ce n'est pas un enfant de choeur. Il a grandi dans un environnement très dur qui lui a fait abandonner très tôt une partie de son humanité. Quand il affirme n'avoir aucune peur de passer pour un "'méchant bourreau" si cela peut protéger des innocents des titans, il confirme sa pleine conscience de laisser en arrière ce qui fait de lui un humain dans un but plus noble. C'est un sacrifice semblable à celui d'Erwin, qui accepte de se transformer en démon pour faire son travail correctement, avec le moins d'état d'âme possible, ce qui est le propre d'un chef de guerre. En ce sens, ils se comprennent parfaitement.


Si Livaï n'a pas fait un énorme sacrifice en abandonnant sa vie d'avant - pas très satisfaisante et peu digne de lui -, son entrée dans le bataillon a nécessité un autre type de sacrifice : la mort d'Isabel et Furlan, qui représentaient symboliquement son "ancien" lui. Ce sacrifice rituel semblait presque nécessaire pour que le "nouveau" Livaï, détruit puis revivifié par Erwin, puisse devenir pleinement celui qu'il était destiné à être. Par la suite, Livaï ne cessera de perdre des camarades. Tout comme Erwin, Livaï a une façon fataliste de voir les choses. Ceux qui s'engagent dans le bataillon ne le font pas en imaginant vivre heureux et longtemps. Perdre des gens est inévitable. Mais de par son complexe du héros, Livaï tente toujours d'aller contre cette fatalité et de tout faire pour sauver le plus de gens possible (et on peut dire qu'il n'y arrive pas souvent). Livaï est donc fataliste, il ne se fait aucune illusion, mais cherche tout de même à infléchir le cours des choses à son niveau. Mais le sens même du sacrifice n'a aucun secret pour lui. Il le partage avec Erwin, et c'est sans doute aussi pour cela qu'il se résoudra à le laisser mourir.

Erwin a sacrifié bien davantage. Ceux qui n'aiment pas Erwin (voire le haïssent) ont tendance à l'oublier. Sa vie, dans tous les sens du terme : sa vie affective, sa vie d'humain et sa vie tout court. Sa possible vie affective, symbolisée par le personnage énigmatique de Mary, à laquelle il a renoncé pour se consacrer uniquement au bataillon. Ne voulant pas faire de Mary une veuve, il la laissera à son ami Nile. Nile représente pour Erwin la vie qu'il a refusée au nom de ses idéaux. Son humanité, ensuite, car pour assumer sa charge, une certaine dose de détachement est nécessaire. Un soldat ne s'engage pas dans l'armée pour que son supérieur lui raconte une histoire avant de le border dans son lit. Erwin ne ment pas et annonce d'office la couleur. Cette capacité de détachement couplé au sens du sacrifice - des autres mais aussi de soi - a été verbalisée par Armin qui partage la même mentalité. Seuls ceux qui sont capables de faire des sacrifices en vue d'un but plus élevé font évoluer les choses. C'est aussi le point de vue de Livaï sur Erwin ; il le suit parce qu'il est un visionnaire qui n'a pas froid aux yeux. Et comme il est pareil, leur partenariat s'est imposé de lui-même.


Livaï et Erwin partagent donc aussi cette conscience qu'une mort utile est une bonne mort, même si elle fait mal. Car ce n'est pas parce qu'on est conscient du mérite du sacrifice qu'on s'en réjouit nécessairement. Livaï souffre bien évidemment de la mort de ses proches (ses expressions après la découverte des corps des membres de son escouade en attestent), mais il est capable d'y survivre. Erwin, lui, a fait son possible pour limiter les morts en expédition, et a fait en sorte que le coup d'état se déroule sans faire de victimes - ce qui sera contrecarré par l'intervention de Kenny et de Rhodes Reiss. Si cela ne suffit pas, il reste à constater que son sentiment de culpabilité croissant vers la fin de sa vie l'a détruit psychiquement. Erwin se souciait de la vie de ses hommes bien davantage qu'il ne le laissait paraître.

Mais malgré tout, la vie doit continuer et leur devoir s'accomplir. Le sacrifice est aussi pour eux-mêmes. Le sens du sacrifice des autres est maintenu par ceux qui survivent. Ni Erwin ni Livaï n'iraient fuir face à la mort. Erwin sait qu'il ne paiera sa dette de sang envers ses soldats tombés que le jour de sa propre mort. C'est quelque chose dont il a une conscience aigüe. Et Livaï suivrait Erwin en enfer sans aucun regret ; il suffit juste que sa mort ait un sens, et il mourra satisfait. Ils sont tous les deux, eux aussi, des reluctant heroes.


5 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Acte 4

Post: Blog2_Post
bottom of page